jeudi 16 août 2012

La réponse de Robert

Voici la réponse de Robert Rapilly :

Trois brigands belges à Pirou ?
Point besoin que veille gendarme :
tout juste descellé l'écrou
du clocher, cloche en sonne alarme !

mardi 14 août 2012

Hold-up raté


Comme vous le savez, il existe un festival oulipien concurrent de Bruxelles, ma belle, je veux parler de Pirouésie, qui se tient à Pirou, dans la Manche, en France. Plusieurs Belges ont tenu à le soutenir, malgré la méfiance qui avait été engendrée par le rapt raté d'un Hermès de grande valeur lors de la ballade à vélo de BMB.
Soucieux cependant de rétablir l'équilibre et surtout de venger notre honneur patrimonial bafoué par cette action funeste, quelques Belges courageux (Mar Bikx, Nicole Dedonder, Henry Landroit) ont tenté de dérober le clocher de l'église de Pirou lors de Pirouésie du 6 au 10 aout 2012.
Malheureusement, un certain Denny Hohmann, à la solde inconditionnelle des organisateurs de la manifestation et à la recherche de photos artistiques, passait par là à ce moment. Nous n'avons donc pas pu mener notre projet à bien (mais ce n'est que partie remise).

mardi 17 juillet 2012

Zazie z'a Bruxelles


Déjà le projet d'art-elier d'écrivure commençait bien comme Zazie z'aurait dit :
« Merdre alors ! Me faire ça t'a moi ! Z'étaient en grève, trop polis pour z'être honnêtes, Ces-trop-polis-teints !
Métro-politain. Mon cul ! »
Cauz' à un accident de la vie dans la circulation des z'auto-pas-mobiles.
Fallait donc se taper tout z'à pattes, moi qui suis plutôt rouleur z'à côté des mécaniques.
Z'avaient commencé par barder de fer la station « Lézard-l'oie ».
Z'en plus, le temps s'était mis z'à la pluie.
« Métro, météo, mon cul» dirait Zazie.
The parlement brillait d'absences, des minist' en vacances,
laissant là les compromis z'à la Belge, que le monde entier nous z'envie.
Z'à la rue Royale les zendarmes z'avaient sorti les cheveux qui frizent.
Ces bêtes qui piquent dont les Fritz avaient lancé la mode lorsqu'ils avaient choisi de venir en villégiature chez nous en 14 et en 40.
Ces bébêtes importées d'Alleumagne qui comme leurs gentils toutous donnent froid dans le dos et chaud z'au coeur des gendarmes (ceux qui en ont...C'est assez rare mais ça z'existe à ce qu'il paraît...)
Mais ceci est un autre début de débat.

C'est t'alors que Tonton z'Henry voyant nos z'hésitations nous a dit « Descendez par la rue Fossé t'aux loups ».
Alors z'on a pas eu peur et z'on y est allé, de ce pas.
Mais z'au fossé là, point de loups ! Ceux de la finance ayant déja mangé tout l'été, sont partis t'ailleurs (en Grèce ?) festoyer.
On passe à De Brouckère.
Mais qu'on-t-il fait de ta mouquère ?
Celle qui z'au milieu d'la place,
D'un zizi-gantesque ornait l'espace ?
Qui de ses multiples jets , fécondait l'air-spicace.
« Fontaine Mon cul »...
On s'débine pas on va vers la rue du Canal mais z'il est t'asek car à part ce qui tombe du ciel on y voit aussi peu d'eau que dans le pastis de mon tonton de Tarascon.
J'en étais là de mes réflexions, que Tonton z'Henry, lui, fait mine de découvrir par zazard sur le trottoir…Une copine: Denise.
Zazie aurait dit : "qu'y avait surement anguille sous cloche entre ces 2 là".
Mais bon, on l'adopte comme notre tantine à tous, et comme elle n'a rien de mieux z'a faire, nous z'emmène sur les pas de sa d'jeunesse.
Mais z'arrivé place Sainte Catherine, Lafontaine nous voilà !
Aurait dit un grand poéticien, qui t'à Bruxelles ne vint point,
Mais z'à Paris...Oh que oui.
C'est sans doute pour combler cette absence qu' Duras, (la Marguerite);
« Tu rases mon c... » aurait dit Zazie;
Marguerite, z'étais aussi venue s'échouer là-sse,
entre « Bronx, calices et tristes bégonias.
Pôvre Margriet, elle qui m'avait fait aimer les silences entre l'Hiroshima de l'amour des mots.
Les valses lentes et les moiteurs z'indiennes.
La marine voguant de Gibraltar à Willebroeck.
Les chevauchées fantastiques de Tarquinia à Uccle-Calvoet.
Puis fatigué avec son amant ré-édité...
Elle qui aimait pacifique, finir entre le Marché aux porcs et le square des Blindés...
« Blindé mon cul » dirait qui vous savez.
Margriet t'es vraiment pas gâtée.
Z'avoir une place, là z'où l'amour n'est que glace.
Mais bonze z'on file, le train z'à Denise, là z'où le tram 9 faisait Tchac-tchac, devant le funèbre marchand 'pompes qu 'elle nous dit.
Z'épuis z'on passe devant le Ptit Chapeau là z'où les z'hommes z'à képis faizaient défiler les jeûnots mûrs pour la Patrie, la prochaine boucherie, mondiale ou nationale.
Et comme ils sont glands, et kc'est pas leurs enfants,
z'ont jamais peur de faire les choses en grand.
On franchit enfin notre Rubicong, comme dit mon Tonton Tartare de Tarascong.
Et nous voilà z'à Molenbeek.
L'impasse de l'avenir à disparu ! y-a-t-i quelqu'un qui l'ait vu ?
« L'avenir tonton, mon cul. »
Ne reste que les traces, des pavés défoncés, comme les jeunes du quartier.
Nous voilà z'à La Mecque du couscous et du loukoum,
et j'vous parl'pas du baklava, car c'est pas par là.
Je me traînais de portes en porches, regardant, z'où commencèrent coopératives ouvrières, usines et cinamas,
Maintenant on ne trouve plus que babouches et burquas.
Mais Molenbeek cette Venise, un peu folle,
pour chavirer les coeurs, a d'autres gondoles,

J'allais de plus en plus mouillé, car la pluie continuait à tomber suivant Denise,
Qui en souvenirs déroulait son enfance exquise.
Et j' me posais t'une question:
Croisant tous ces z'hommes nés la moustache à la main,
N'ont-ils dû de leur mère chatouiller le sein ?

Mais je m'écarte je m'envole
Je ne sais où mes mots camisolent.

Cet atelier avait 2 temps
L'oulipo remplaçait Barthes
Déja « Le moules-frites à Léon » perçait sous Richard Marthe.
Les héritiers de Botul, déja , par maints émois
offraient z'aux lecteurs rires et fracas.

Il pleut il fait froid triste kasbah.

Plus l'temps d'écrire.
Quant au métro,
je n'en dirai pas trop,
Zazie qu'un gros mot.
Alors stop j'arrête.
Je ferme le stylo

Daniel
Z'oulipo, Jour 1 10 Avril 2012 version 18 – 20 juin 2012

samedi 30 juin 2012

Suite et fin : réquisitoire

Notre accusé se défend bec et ongles :
 
On soupçonne ! On accuse !

Irréfutable sera la réponse :
voler le dieu des voleurs,
n'est-ce acte d'absolue piété ?
 
Amitié  
Robert



Le dieu m'a dicté cette nuit un huitain :

Je l'Hermès à sa place -

Cela que vous avez cru selles
sont ailes pour quitter Bruxelles.
Hermès m'a dit « Vous partez, non ?
Embarquons-nous au Parthénon ! »
Se glisse alors dans ma musette,
espérant la fuite muette...
Que le dieu des voleurs vole au
surplomb d'un éthéré vélo ! 
 
Nous l'innocenterons donc ! 

mercredi 27 juin 2012

Suite du feuilleton : "Un braqueur culturel français surpris dans un des parcs de Bruxelles"

Voici donc les résultats de l'enquête menée par le Commissaire Pochet, qui comme son nom l'indique, est chargé du repérage des pickpockets dans la ville de Bruxelles :

Vérification sur place, le "corpus delicti" s'y trouve à nouveau (voir la photo ci-dessous). Mais comme en droit le vol est un "délit continu", il reste punissable, contrairement au délit instantané...



Néanmoins, il pourrait être requalifié en "emprunt non autorisé". Comme j'ai été soupçonné de complicité avec le "larcineur", je suis heureux de voir la photo complète qui me dégage de l'affaire. Néanmoins, il se peut que comme guide, j'aie été distrait par un complice pendant l'exécution de ce délit... 

Ndlr : Comme vous le remarquerez aisément, tout le monde sur cette photo fait semblant de s'intéresser à autre chose, qui à sa bicyclette, qui à son texte, qui à la photographe (et on le comprend !), permettant ainsi à l'accusé d'agir à l'insu de tous. Même le joggeur à gauche poursuit sa route sans se retourner.
 
Infos historiques : ces sculptures se trouvaient à Tervueren (Forêt de Soignes) dans le château du Gouverneur Charles de Lorraine et ont été amenées lors de la création du Parc de Bruxelles vers 1780. Il s'agit d'un HERMÈS, comme ceux qui se trouvaient en Grèce, ou le Dieu guidait les voyageurs en indiquant la direction d'Athènes (voyez l'orientation des orteils et le regard divin).

Il est piquant de constater que dans les bas-fonds historiques du Parc, se trouve un buste du Tzar Pierre le Grand, qui visita les lieux. Offert par un noble russe vers 1850, il fut volé il y a quelques années... pour se retrouver après quelques semaines sur le bureau du Bourgmestre de Bruxelles, avec une lettre ! Un Spetchinsky, descendant d'un russe blanc émigré après la Révolution l'avait emprunté, car selon lui, la place qu'occupait le Tzar était indigne : au fond d'un trou et regardant un mur. La solution fut de replacer le buste en lui imposant un demi-tour : il pouvait contempler l'hémicycle de verdure, et les passants pouvaient le saluer !

Dorénavant on pourra raconter le vol d'Hermès, mais jusqu'à présent il n'y a pas d'explication à cet acte oulipien.

Voici les opinions d'autres membres éminents de Bruxelles, ma belle :


Michèle Minne :
Je me disais bien que le pseudo Rapollot cachait quelque enjeu suspect… Vlà que le maître des sonnets de sonnettes se prend pour Picasso au Louvre (célèbre fait d’arme du maître du cubisme). On avait bien vu que ce Rapilly essayait de se faire passer pour Jarry, mais là il exagère franchement.
Enfin à force de se cacher derrière des pseudos (lipogramme oblige), peut-être se prend-il pour Pessoa. Au fait, êtes-vous certain que ce coquin de Lillois n’est pas passé par la Place Flagey décapitant le héros de la littérature portugaise ?
Ndlr : Récemment, à la place Flagey, la statue de Fernando Pessoa est tombée de son socle. Cela est dû à un orage (dit-on). L'intéressé a cependant été entrevu à cet endroit la veille de son départ...


Olivier Salon :


Cette silhouette me dit aussi quelque chose.
Et puis ce fameux sac-à-dos, que je crois avoir déjà vu quelque part ! De marque converse...
Un homme capable donc de faire une conversion à bicyclette.
Il n'y en a pas tant que ça.
J'y réfléchis, mets mes meilleurs limiers pour limer l'affaire.

Myriam Le Roux :

La casquette rit
La statuette évanouie
Oh ! Français maudit !!!



jeudi 21 juin 2012

Horreur !

Une des participantes à BMB, dont par discrétion, je ne citerai que les initiales (MHL) me transmet une photo qu'elle a pu capter lors de cette manifestation.
Jusqu'à présent, nous n'avons eu qu'à nous féliciter du succès de "Bruxelles, ma belle". Il fallait  évidemment qu'une ombre au tableau vienne ternir nos souvenirs.
Je suis donc au regret de devoir publier la photo qui m'a été transmise et qui montre un des animateurs de BMB (Français, faut-il le dire) en train de s'enfuir incognito en emportant une partie de notre patrimoine belge. Le personnage est bien reconnaissable, bien qu'il ne se présente que de dos. Sa casquette le trahit. Elle tente de le faire passer pour un jeune de nos banlieues (mais aucun d'entre eux ne se permettrait cela, je puis vous l'affirmer).
Je savais que les Français étaient attirés par la Belgique pour des raisons fiscales, mais j'étais loin d'imaginer que notre culture les intéressait aussi ! Il ne faut pas laisser passer ce larcin qui pourrait apparaitre comme anecdotique. Devons-nous protéger nos œuvres d'art inestimables comme l'Atomium, le Manneken-Pis et j'en passe... ?
Comme le dit si bien un de nos célèbres poètes surréalistes belges : "On commence par tuer sa mère et on finit par voler la cathédrale de Chartres" (Achille Chavée).
Il va sans dire que je tiens à la disposition de la PJ les coordonnées de ce personnage tombé depuis du piédestal (à l'instar de la statue qu'il déroba) où je le maintenais un peu naïvement jusqu'ici. Même Jean-Michel Pochet, dont on aperçoit la silhouette, semble ne s'être aperçu de rien... à moins que par discrétion, il ne tourne le dos à ce méfait. Auquel cas, je le tiendrais comme complice de cet acte ignominieux.

HL


mardi 8 mai 2012

Combinatoire


Déambuler à enjambées irrégulières
Quand irréguliers et multicolores les pavés affleurent
S'humidifier sans pouvoir y faire
Comment ignorer l'arrogance des frontons
Se sentir perdue dans le méandre des rues toutes en chantier
Inventant dans sa cervelle brumeuse des raccourcis invisibles
Passant sur les larmes du garçonnet joufflu derrière sa fenêtre
Sentir le crachin transpercer jusqu'à la moelle
Réalisant qu'un grand immeuble moche a remplacé l'hippodrome d'hiver où Elvis a chanté
Ne pas de retrouver dans cet urbanisme de bric et de broc
en traversant les passages piétons, ne même pas jeter un œil sur les côtés


Imagine. Déambuler à enjambées irrégulières, sur d'irréguliers et multicolores pavés, ils affleurent. S'humidifier sans pouvoir y faire. Comment ignorer l'arrogance des frontons ? Se sentir perdue dans de méandreuses rues toutes en chantier. Inventant dans ma cervelle brumeuses des raccourcis invisibles. Passant sur les larmes du garçonnet joufflu derrière sa fenêtre. Sentir le crachin transpercer jusqu'à la moelle. Réalisant qu'un grand immeuble moche a remplacé l'hippodrome d'hiver où Elvis a chanté. Ne pas de retrouver dans cet urbanisme de bric et de broc, en traversant les passages piétons ne même pas jeter un œil sur les cotés, passant à tort et à travers 807 gouttes et même tes larmes... Et alors ? La pluie. Cependant... Pourquoi pas ? Bien que.
                                                                        Camille

Beau présent

Voyez ici ce qu'est un beau présent.

 

 Le parvis

  

Aie, le paris, péril ! 

Presser le pas par là,

Relier le rail
Aller à l'île pâle
Pisser le sel épars
Aie, l'ère rassie, resserrée, rase
Priser l'ellipse, le pas pris
Resserrer sa lippe lasse.
Aie, l'ère salie
Lire le sel et pire,
Plaire sans saillie, sans aile.

Aie Passer par elle, l'Éparpillée sans pareille
Elle Apaise le réel.
Ellipse rare : rallier le réel, le lisser après l'essai pile.
Le périple pressé, pas le périr pire !
La perle lisse, pas la pile sale !
L'assise éprise, pas le passé paillé !
Ah, l'ère perlée !
Camille

 

Marcottages

Le taggeur,d'une écriture opu /lente à na/ geoires roses et pâles, se
m / eut dans le dr / ôle de monde urbain.Il bombe et col/
/le et mâch/ onne les murs d/
ans l'ombr/ e des cours et des tours.Dans/
quel idéal a  / territ-il dans/
ant ,e soir ,d/dans le lit de la ville



lente à na
eut dans le dr
le et mâch
ans l'ombr
quel idéal a
ant ,le soir,d

Mar


Marcottage

Bruxelles dénudée, insolente à narguer :
C'est que ce matin brun pleut dans le drap du ciel
Si je me sens fébrile et mâche les idées
C'est que je me crois vraie dans l'ombre de la belle
Quel idéal a-t-on, quel espoir affolé
Magie tranchant le soir, d'ici on voit Ixelles
Joie de cette élégance et de sa dignité
Baluchon éphémère, énorme passerelle
A nous deux les passages, souterrains démasqués
Ta personnalité, comme jamais s'en mêle
Nuages crus et clairs, tels des envies brisées
Nos émerveillements sortent en ritournelle
Vois, mes yeux sont nouveaux, comme tout juste nés
Pour que nous surprenions toutes les étincelles,
Tous les pas des badauds, malgré le ciel inquiet,
Tous les lieux mis en rang, au bout de tes ruelles...
S'inscrire dans la ville, expérience entamée,
Mon âme vagabonde, incroyable marelle,
Bruxelles dénudée, insolente à trembler.

Amélie

 
Descente lente à Narcoville
Il pleut dans le drugstore
On râle et mâchouille un joint
On reste dans l'ombre avec son désespoir
On se demande quel idéal a ce tagueur
Errant le soir, de rue en rue.

Élisabeth

*

Le tagueur, d'une écriture opulente de nageoires roses
Se meut dans le drôle de monde urbain
Et bombe et colle et mâchonne les murs
Dans l’ombre des cours et des tours.
Dans quel idéal atterrit-il
Dansant, le soir, dans le lit de la ville ?

Mar
*

Marcottages
(d'après un poème d'Emile Verhaeren in Les villes tentaculaires)

Bruxelles est lente à narrer car
il pleut dans le droit chemin
Grisaille et mâchicoulis
Tous les ans l'ombrelle des kiosques
Sans savoir quel idéal atteindre
Joue perdant, le soir, des mois de printemps
Marie-Hélène

*

Elle est si lente à naître, l'image de cette ville
Pendant trois jours de pluie, elle se meut dans le drame
Réunis, optimistes, on parle et mâche mille
Mot entendus et lus, sans l'ombre d'une rame
La STIB toujours en panne, quel idéal avoir ?
Ébauchant le soir des vers plus alléchants


Marie-Hélène
 

Une aventure lente à narrer
Lentement il se meut dans le droit boulevard
Lentement il somnole et mâchonne dents serrées
Un chou de Bruxelles dans l'ombre de la gare
Lentement il s'interroge : quel idéal a pu à souhait
Des jours durant, le soir, de sa vie, le faire stagner
Et revient la souvenance de sa
première énorme mégère
De ses sempiternels commérages, sous l'effet des trappistes fermentées
A sa vénalité comme jamais exprimée
Avait-elle les yeux bleus et clairs, tels les premiers jours
Quand sans crainte des éléments sortent
Vaches chevaux veaux et cochons
Quand dans toutes les fêtes de village
Elle captait l'oeil des badauds malgré la fureur du père qui hurlait
Qu'il y aurait du sang au bout de l'histoire
Et que toute la ville
serait submergé par l'onde de sa colère
Je dois dire que malgré l'assistance
que maintenant son ordonnance
est la moisissure du moment
Quelles horreurs ! Quel ornement !
La délivrance de ses bontés serre le cœur
et absorbe la bourse
Et si l'autre souffre de l'un
Son délassement amorphe ou ses désirs ardents l'illuminent
comme une vierge décente, et son cri s'entend loin de la ville
Et si certains veulent ses feux éteints
C 'est en ne fantasmant qu'aux plaisirs lointains.


Philippe


lundi 7 mai 2012

Sonnets et quatrains

Sonnet

S'éloigner sous la pluie loin du Mont Palatin
Et rasant les façades le ciel bas, grise mine
Toutes ces trombes d'eau au long de la ravine
Que ce froid picotant surprend de bon matin

À chaque coin de rue tendre l'ouïe aux potins
De ces fenêtres-là je vois et j'imagine
Dans la pièce tombeau l'ennui loin des cuisines
À entendre les gouttes tomber drues tout chagrin

Alors que raconter de ces humeurs badines
Et que dire du métro où même on assassine
De ces veines de pluie traces rouges carmins

Presser le pas mouillé vers la ville voisine
Oublier ces pensées qui toutes me taquinent
Embrayer nez au vent sur de beaux lendemains

                                                                 Myriam

 
Souvenir de Schaerbeek

Cette pluie sans arrêt martelait nos échines
Nous avancions pourtant sous le grand ciel éteint
Car nous voulions les voir, ces endroits très urbains
Malgré l’humide vent et la brume très fine

Donc nous marchions vaillants, dans ce temps qui chagrine
Les rues et les maisons, jardins et magasins,
Sols en goudron mouillé et caniveaux trop pleins
Tout nous semblait mouvant, incertain, en gésine.

Marie

 

Madeleine


J’ai cherché sur ma peau ce qui m’est madeleine
Ce qui me resurgit, tend au goût d’absolu
Ce qui s’imprime en moi sans prendre le dessus
Car de ces émotions, j’ai la bouche si pleine

Ce qui marque mon corps, c’est la ville, la reine
Et mes grains de beauté, ceux que je ne vois plus
Disent pourtant en vrac les maisons et les rues
Quel est mon territoire, le mouvement m’entraîne

Ce que retient mon ventre, en folle ribambelle
Ce sont les murs rasés, palimpseste sans nom
Ces bleus sur mes genoux sont aussi bleus du ciel

Cicatrice à mon bras, souvenirs à la pelle
La ville est une amante, et nous nous enlaçons
Quand je n’attendais rien, quand je n’attendais qu’elle.

Amélie

Panostique

 
PANOSTIQUE

 Le panostique paysager décrit un panorama à 360 °


une balançoire essuie la gauche du monostique et plonge dans du vert, vert vibrant des frondaisons, 
vert luisant du cheval en bronze

les pigeons picorent, un enfant attend son tour à la plaine de jeux, et deux filles continuent 
à s’en balancer,  un chien cherche son maître et le cavalier vert se fige

deux parterres de fleurs jaunes, au milieu un palmier, tour qui surgit, miroir des immeubles au loin, 
grue à l'horizon, ciel dénonçant l'orage.

ciel menaçant, architecture éclectique, encadrements multicolores, briques, châssis, ferronneries, 
graffites, nature, verdure, cris d’enfants

un marronnier d’un vert très frais puis des sapins puis d’autres arbres encore peu feuillus protègent 
une haute façade rouge au pignon faussement moyenâgeux

la ville d'hier et d'aujourd'hui mêlées, le calme au milieu de la ville, la rue, l'arbre nu, le chant 
d'un oiseau, au fond une tour derrière la vie des gens
  
                                                                                                                         Travail collectif

 
Panoramique de mots pour dire un paysage
Rouge star, façade crème à l’aveugle, sur le devant trogne urbain en écharpe, 
ciel gris moutonné sur un avant-plan d’hôpital et de couronne de justice et 
tout devant le végétal fluo et plus devant encore l’avaleur de verre en plastique blanc
 sous le nuage blanc sur lequel se découpe un chapeau gris en toit de fée 
à moitié caché par le mur opaque d’un container à frites blanc aussi 
où le crack d’un tag dégouline sur l’herbe.

                                                                                                        Michèle
MONOSTIQUE

Le vieux chauve à la fenêtre du quatrième quand, de sa mezzanine du troisième, une femme au chat
écrit allongée sans voir la camionnette profilo-châssis-volets-porte que dépasse
une voiture qui s'enfuit au feu vert.

                                                                                                                              Camille

 Vers panorama, monostique paysager
Clac la grille refermée, les pigeons sur le linteau de l'immeuble au coin, des voisins qui,
fenêtres grandes ouvertes, terminent leur nuit

                                                                                                                                                            Myriam


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samedi 5 mai 2012

Gestomètre de sensations

Gestomètre de sensations

Suivre le groupe
Parcourir les rues
Lever les yeux
Regarder la façade
Inventorier les matériaux
Repérer les techniques utilisées
Citer les architectes
Prendre des notes
Deviner l'envers du décor
Rêver d'y pénétrer
Se laisser surprendre par le puits de lumière
Reluquer le détail
Monter l'escalier
Ressentir le mouvement
Je vis là, pour un instant, dans un autre temps, obligée de tenir sagement un rôle imposé. Quel bonheur de pouvoir seulement admirer, deviner, imaginer la vie des bourgeoises élégantes et des soubrettes effacées.
Rejoindre la sortie
Éprouver un frisson
Sentir le vent
Voir les arbres
Admirer la perspective
Observer la démesure
Palper la poignée
Suivre les courbes
Comparer les saveurs
Savoir goûter Bruxelles.

Élisabeth

*

Promotion de la commune de Molenbeek par son bourgmestre


Balade à Molenbeek

Si vous n'arrivez pas à choisir entre terre et eau, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre Nord et Sud, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre jean's et djellaba, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre corne de gazelle et éclair au chocolat, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre minaret et clocher, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre Faro et thé à la menthe, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre chicon et poivron, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre foulard et brushing, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre coiffure Aziz et et coiffure René, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre rues grouillantes et impasses vides, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre frites et falafel, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre « dépôt-design » et « Nadia articles de ménage », venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre « la rose blanche » et « le rêve de Jasmin », venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre le marché aux porcs et la boucherie Halal, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre petite frappe et commerçant cossu, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre Duras et Voltaire, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre « 100 000 chemises » et « 1001 nuits », venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre faux riches et vrais pauvres, venez à Molenbeek !
Choisir, c'est exclure
Arrêtez de choisir
Prenez tout !
Venez à Molenbeek !

Marianne

samedi 28 avril 2012

Poème d'orientation et de marche

Poème d’orientation

Texte en sept lignes dans un ordre quelconque
Une ligne parle d’en bas, une ligne parle d’en haut
Une ligne parle de devant, une ligne parle de derrière
Une ligne parle de la gauche, une ligne parle de la droite
Une ligne parle de l’intérieur…

Le ciel pluvieux n’invite pas à la méditation
On se presse sur le pavé mouillé
L’église offrirait un refuge au passant errant
Les marchands du temple ont envahi le parvis
Ils sont venus du Nord avec des habits
Ils sont venus du Sud avec des fruits
Entre les saveurs terrestres et spirituelles, mon cœur balance…

Élisabeth


Poème de marche


 
Sur la place Royale, Marilyn regarde le cornet de jambes dressées, planté par un artiste contemporain, des jambes adipeuses, gracieuses et sensuelles qui s'échappent de la pochette surprise. Marilyn sourit. Son esprit divague au son de la voix qui parle de commerces de bouche, grain, laine, argent, une voix qui l'entraine jusqu'à la rue Montagne de la cour, au pied du magasin Old England dont elle imagine les denrées de luxe dans les grandes vitrines et entre les rayons.
Face au jardin qui s'étale comme un tapis de fleurs, Marylin voit, sur un banc, deux amoureux partager un croissant sous les yeux attendris d'un pigeon ébouriffé aux plumes gris argent. Elle s'ennuie à entendre parler d'un blocus pour étrangler l'industrie, de Lescaux que l'on ferme.
Elle se retourne et tombe nez à nez avec la statue monumentale d'Albert à cheval, alors qu'on la barbe encore à propos de la ville coupée en deux par la création d'un boulevard en 1952.
Elle s'éloigne jusqu'au prochain magasin, où une sérigraphie reproduit imparfaitement son portrait à l'infini, avec une phrase : « Je suis une petite princesse et je vous emmerde ». Elle voit aussi chez Dotspot, rue de la Madeleine, un miroir pop art où est gravé : « Je suis parfaite et ce n'est pas de ma faute ». Alors, en regardant vaguement l'église Saint-Jean en brique rouge, puis le commerce de détail Marjolaine où pendouillent de vieilles breloques et un fatras d'objets, elle sent son petit cœur se serrer. À tel point qu'elle passe devant le magasin À la gaufre de Bruxelles, sans se demander si elle va céder à sa passion pour la chantilly, la crème de marron. Elle résiste au carrefour de l'Europe, tant son estomac est noué à voir la place dans un style faux vieux qui lui rappelle que tout passe et que la brique vernissée s'effrite moins que celle laissée à l'état brut. Heureusement, il y a les Galeries royales Saint-Hubert ou Marilyn découvre les commerces pour le divertissement des bourgeois, une ganterie italienne fondée en 1890, Mansel pour les chapeaux et cannes, la manufacture des dentelles et la champagnothèque. Chouette, elle peut enfin s'adonner à son passe-temps favori, le lèche-vitrines.
Mais plus loin, Marilyn sursaute à la vue de deux lapins en chocolat, qui se dandinent, étranglés par une pancarte. Elle y lit « Home sweet Home », se souvient alors qu'il est tard et qu'elle est bien loin de chez elle, ici à Bruxelles.


Poème d'orientation 


Semelles détrempées sur le pavé sale
Le dos que des voix sans visage frôlent en s'éloignant
Alors qu'à l'Est, phares blancs et cyclistes défilent
Une porte entrouverte où deux hommes me font face
Au coin de l'œil gauche se reflètent dans la vitre éteinte
Des arbres qui n'en finissent pas de pleurer
Dans la solitude du froid mouillé

Myriam
 
Poème d'orientation

À gauche, une flaque.
À droite, une flaque.
Devant, une flaque.
Derrière, une flaque.
À mes pieds, une flaque.
Au-dessus, la pluie.
En moi, quand est-ce que ça finit ?

Amélie

*
Poème d'orientation - bis

À Parvis il manque un v
À mon corps il manque du thé
Pieds mouillés
Bourgeons recroquevillés
Terrain vague inondé
Regard du passant étonné
Ville absorbée.

Amélie

 
Poème d’orientation

Pavés mouillés, mégots trempés,
Curetage des égouts célestes
Côté cour, façades jumelles l’une crème, l’autre blanche
Fleurs en pagaille sous l’étal côté jardin
De face cigogne lilliputienne pigeonnée par un chou de Bruxelles géant
Un homme pendu à son téléphone
Je suis une toupie déboussolée, à l’est complètement. 

Michèle




Pléiade de balade


Pléiade de balade : texte collectif
Chacun écrit une ligne puis passe la feuille à son voisin.
Après chaque ligne, le dernier mot de la ligne suivante est imposé

Nous avons longtemps marché sous la pluie
A la recherche du mystérieux tagueur
Personne sous la fresque
Des claquettes sur le trottoir
Puis nous sommes allés nous changer
Que ce soit à pied, ou même à vélo
Et pour certains à cheval
Le polisson se reconnaît au pied du mur
Arrête, tu me fais marcher
Pour arriver à des rêves d’or,
Il suffit de marcher longtemps sous la pluie

Élisabeth 
 
Peu de gens pour apprécier la pluie.
Sous son parapluie la fièvre du tagueur
qui pousse à bomber une fresque
parfois à même le trottoir...
La société doit changer !
Inscriptions plus ou moins étranges : « vive la ville à parcourir à vélo ! »
ou « vive la paille dans le petit cheval »
Mais cela ne le fera pas marcher
Pourtant c'était un étalon d'or
Qui peut-être, lui, appréciait la pluie.

Écriture en groupe

N/S

 
N/S : texte collectif
A et B fixent une image mentale
A écrit d’abord les 4 lignes impaires, relatives à son image
B complète les lignes paires en pensant à son image.

Murs étroits inquiétants
Qui enserrent le Saint cher aux enfants
La crasse
Oubliée du marché déserté
Les senteurs du passé
Réveillées sous le clocher
Au milieu des pavés
Inondés.


Murs staliniens tristes
La Grand Place est en contrebas
Jardin altruiste
Vue sur l’Hôtel de Ville
Rideau de nuages
Marché grouillant
Parterres sur ciel vif
Tapis de fleurs estival

Élisabeth

*

Le ciel s'acharne sur ma tête
Le bitume sous mes deux pieds fond
Juste devant, chute bruyante. Qui m'attaque ? De quel donjon ?
Touchée au cœur je m'abrite à cette porte couleur rouge sang.
À dextre la pluie me transperce
Pas courageuse, je bats retraite
Guerrière battue, je me morfonds.

Viviane

*

Un grand vide et des toiles blanches me donnent froid dans le dos.
En face, l’arbre solitaire est encore dénudé,
Ses racines luttent avec les pavés.
Le ciel est abondant.
Les fourmis s’entassent d’un côté,
Elles ruissellent de l’autre.
Je tiens mon parapluie vert grand ouvert.

Danièle

*

Je lève les yeux, mon parapluie – jaune et gris
À mes pieds, passage clouté – gris et gris
Devant moi un boulanger – artisan
Et derrière un commerçant – certainement
À ma gauche des magasins
À ma droite des magasins
Sous la pluie, dans la cité, je m'sens bien.

Rina

N/S

Lumière gris souris au-dessus
et jaune au fond
une découpe brouille le regard
poésie étrangère ? Pléiade ?
Le démultiplie, et l'égare
jusqu'au bas des rayons
mise en abîme
la France en Belgique, elle-même au Japon.

Nicole / Amélie

*
N/S

Les couteaux brillent
comme les écailles
les lames sont tranchantes
et les idées tranchées
l'envie de tuer est proche
muets comme des carpes
les manches sont en ivoire
et les poissons n'ont pas de mémoire.

Mar / Amélie

 
N/S
Galerie marchande
Saint Géry commerce les indulgences
Verre assombri des vitres
À la bouteille, Saint Michel vend son corps
Son dallage monochrome
Se noient dans le lambic les trois gentilshommes
Vide somnolent
Estaminet divin

N/S
Le Roi d’Espagne
Rempart bétonné de l’ordre bureaucratique
Les maraîchers installent leur étal
Chapelle encastrée par la grâce de sa majesté
L’empereur entre en ville
À cheval sur une pointe ogivale
Le ciel s’assombrit
Des médailles en pagaille et des livres précieux pleuvent

                                                                                       Michèle