samedi 28 avril 2012

Poème d'orientation et de marche

Poème d’orientation

Texte en sept lignes dans un ordre quelconque
Une ligne parle d’en bas, une ligne parle d’en haut
Une ligne parle de devant, une ligne parle de derrière
Une ligne parle de la gauche, une ligne parle de la droite
Une ligne parle de l’intérieur…

Le ciel pluvieux n’invite pas à la méditation
On se presse sur le pavé mouillé
L’église offrirait un refuge au passant errant
Les marchands du temple ont envahi le parvis
Ils sont venus du Nord avec des habits
Ils sont venus du Sud avec des fruits
Entre les saveurs terrestres et spirituelles, mon cœur balance…

Élisabeth


Poème de marche


 
Sur la place Royale, Marilyn regarde le cornet de jambes dressées, planté par un artiste contemporain, des jambes adipeuses, gracieuses et sensuelles qui s'échappent de la pochette surprise. Marilyn sourit. Son esprit divague au son de la voix qui parle de commerces de bouche, grain, laine, argent, une voix qui l'entraine jusqu'à la rue Montagne de la cour, au pied du magasin Old England dont elle imagine les denrées de luxe dans les grandes vitrines et entre les rayons.
Face au jardin qui s'étale comme un tapis de fleurs, Marylin voit, sur un banc, deux amoureux partager un croissant sous les yeux attendris d'un pigeon ébouriffé aux plumes gris argent. Elle s'ennuie à entendre parler d'un blocus pour étrangler l'industrie, de Lescaux que l'on ferme.
Elle se retourne et tombe nez à nez avec la statue monumentale d'Albert à cheval, alors qu'on la barbe encore à propos de la ville coupée en deux par la création d'un boulevard en 1952.
Elle s'éloigne jusqu'au prochain magasin, où une sérigraphie reproduit imparfaitement son portrait à l'infini, avec une phrase : « Je suis une petite princesse et je vous emmerde ». Elle voit aussi chez Dotspot, rue de la Madeleine, un miroir pop art où est gravé : « Je suis parfaite et ce n'est pas de ma faute ». Alors, en regardant vaguement l'église Saint-Jean en brique rouge, puis le commerce de détail Marjolaine où pendouillent de vieilles breloques et un fatras d'objets, elle sent son petit cœur se serrer. À tel point qu'elle passe devant le magasin À la gaufre de Bruxelles, sans se demander si elle va céder à sa passion pour la chantilly, la crème de marron. Elle résiste au carrefour de l'Europe, tant son estomac est noué à voir la place dans un style faux vieux qui lui rappelle que tout passe et que la brique vernissée s'effrite moins que celle laissée à l'état brut. Heureusement, il y a les Galeries royales Saint-Hubert ou Marilyn découvre les commerces pour le divertissement des bourgeois, une ganterie italienne fondée en 1890, Mansel pour les chapeaux et cannes, la manufacture des dentelles et la champagnothèque. Chouette, elle peut enfin s'adonner à son passe-temps favori, le lèche-vitrines.
Mais plus loin, Marilyn sursaute à la vue de deux lapins en chocolat, qui se dandinent, étranglés par une pancarte. Elle y lit « Home sweet Home », se souvient alors qu'il est tard et qu'elle est bien loin de chez elle, ici à Bruxelles.


Poème d'orientation 


Semelles détrempées sur le pavé sale
Le dos que des voix sans visage frôlent en s'éloignant
Alors qu'à l'Est, phares blancs et cyclistes défilent
Une porte entrouverte où deux hommes me font face
Au coin de l'œil gauche se reflètent dans la vitre éteinte
Des arbres qui n'en finissent pas de pleurer
Dans la solitude du froid mouillé

Myriam
 
Poème d'orientation

À gauche, une flaque.
À droite, une flaque.
Devant, une flaque.
Derrière, une flaque.
À mes pieds, une flaque.
Au-dessus, la pluie.
En moi, quand est-ce que ça finit ?

Amélie

*
Poème d'orientation - bis

À Parvis il manque un v
À mon corps il manque du thé
Pieds mouillés
Bourgeons recroquevillés
Terrain vague inondé
Regard du passant étonné
Ville absorbée.

Amélie

 
Poème d’orientation

Pavés mouillés, mégots trempés,
Curetage des égouts célestes
Côté cour, façades jumelles l’une crème, l’autre blanche
Fleurs en pagaille sous l’étal côté jardin
De face cigogne lilliputienne pigeonnée par un chou de Bruxelles géant
Un homme pendu à son téléphone
Je suis une toupie déboussolée, à l’est complètement. 

Michèle




Pléiade de balade


Pléiade de balade : texte collectif
Chacun écrit une ligne puis passe la feuille à son voisin.
Après chaque ligne, le dernier mot de la ligne suivante est imposé

Nous avons longtemps marché sous la pluie
A la recherche du mystérieux tagueur
Personne sous la fresque
Des claquettes sur le trottoir
Puis nous sommes allés nous changer
Que ce soit à pied, ou même à vélo
Et pour certains à cheval
Le polisson se reconnaît au pied du mur
Arrête, tu me fais marcher
Pour arriver à des rêves d’or,
Il suffit de marcher longtemps sous la pluie

Élisabeth 
 
Peu de gens pour apprécier la pluie.
Sous son parapluie la fièvre du tagueur
qui pousse à bomber une fresque
parfois à même le trottoir...
La société doit changer !
Inscriptions plus ou moins étranges : « vive la ville à parcourir à vélo ! »
ou « vive la paille dans le petit cheval »
Mais cela ne le fera pas marcher
Pourtant c'était un étalon d'or
Qui peut-être, lui, appréciait la pluie.

Écriture en groupe

N/S

 
N/S : texte collectif
A et B fixent une image mentale
A écrit d’abord les 4 lignes impaires, relatives à son image
B complète les lignes paires en pensant à son image.

Murs étroits inquiétants
Qui enserrent le Saint cher aux enfants
La crasse
Oubliée du marché déserté
Les senteurs du passé
Réveillées sous le clocher
Au milieu des pavés
Inondés.


Murs staliniens tristes
La Grand Place est en contrebas
Jardin altruiste
Vue sur l’Hôtel de Ville
Rideau de nuages
Marché grouillant
Parterres sur ciel vif
Tapis de fleurs estival

Élisabeth

*

Le ciel s'acharne sur ma tête
Le bitume sous mes deux pieds fond
Juste devant, chute bruyante. Qui m'attaque ? De quel donjon ?
Touchée au cœur je m'abrite à cette porte couleur rouge sang.
À dextre la pluie me transperce
Pas courageuse, je bats retraite
Guerrière battue, je me morfonds.

Viviane

*

Un grand vide et des toiles blanches me donnent froid dans le dos.
En face, l’arbre solitaire est encore dénudé,
Ses racines luttent avec les pavés.
Le ciel est abondant.
Les fourmis s’entassent d’un côté,
Elles ruissellent de l’autre.
Je tiens mon parapluie vert grand ouvert.

Danièle

*

Je lève les yeux, mon parapluie – jaune et gris
À mes pieds, passage clouté – gris et gris
Devant moi un boulanger – artisan
Et derrière un commerçant – certainement
À ma gauche des magasins
À ma droite des magasins
Sous la pluie, dans la cité, je m'sens bien.

Rina

N/S

Lumière gris souris au-dessus
et jaune au fond
une découpe brouille le regard
poésie étrangère ? Pléiade ?
Le démultiplie, et l'égare
jusqu'au bas des rayons
mise en abîme
la France en Belgique, elle-même au Japon.

Nicole / Amélie

*
N/S

Les couteaux brillent
comme les écailles
les lames sont tranchantes
et les idées tranchées
l'envie de tuer est proche
muets comme des carpes
les manches sont en ivoire
et les poissons n'ont pas de mémoire.

Mar / Amélie

 
N/S
Galerie marchande
Saint Géry commerce les indulgences
Verre assombri des vitres
À la bouteille, Saint Michel vend son corps
Son dallage monochrome
Se noient dans le lambic les trois gentilshommes
Vide somnolent
Estaminet divin

N/S
Le Roi d’Espagne
Rempart bétonné de l’ordre bureaucratique
Les maraîchers installent leur étal
Chapelle encastrée par la grâce de sa majesté
L’empereur entre en ville
À cheval sur une pointe ogivale
Le ciel s’assombrit
Des médailles en pagaille et des livres précieux pleuvent

                                                                                       Michèle



jeudi 26 avril 2012

Choses à sauver et à effacer

 
Choses à sauver

L'effacement des tags qui sculpte leurs traces dans les murs
Mettre un costume trois pièces pour aller bomber
La patience
Les jours écumeux
Le café où s'asseoir
Le jaune vif peint sur le trottoir et la chaussée pour indiquer le changement de sens de la rue
Les voitures couleurs bonbons profilées comme des fusées
Les loques
Les mosaïques multicolores de Space invader
Piquer des bombes fluos dans des magasins
Le mec à vélo qui nous souhaite bonne journée
Les voitures qui freinent aux passages piétons

Choses à effacer

Le Klaxon exaspéré du mec à vélo qui nous croise en gueulant poussez-vous.
Les chantiers n'importe où, nimportnawak
La barre sombre de nuages qui s'amoncellent
La chaussée défoncée
La préciosité
Le métro immobile
Les embouteillages
Les petites fleurs, les petits oiseaux
La revendication de la subjectivité personnelle
Les chaussettes mouillées
L'œil au beurre noir du tagueur au commissariat 
                                                                                                                        Camille 

Poème collectif


Poème collectif

Choses qui réveillent la ville
La tour en verre qui s'incruste dans le ciel miroitant
Le dandysme
Le rayon de soleil nouveau qui arrive jusqu'au sol
Les tags au dessus des autres
Space invader
Le café chaud
Le score de Space invader
Les boucles d'oreilles Hans pour l'oreille gauche et gretel pour la droite
La tour qui survit aux remparts

mercredi 25 avril 2012

Sonnets de pluie

 
Sonnet monorime avec allusion à la pluie si possible dans chaque vers

Sonnet que la pluie*

C’était un jour de pluie dans les rues de Bruxelles.
Loin des embruns marins, c’était une eau sans sel.
Nous pataugions ainsi courant Schaerbeek le Bel,
Tout joyeux, ruisselants, dansante ribambelle.

Les picotis mouillés sur le sol gras martèlent
Tout soudain un air gai qui jazzotte à l’ouïe tel
Un orage de sons vibrant comme un appel :
« Évite donc la flaque ou tu prends une pelle ! »

Ah ! L’averse redouble et le froid est mortel !
Le pavé se déchausse ! Ah, le perfide ciel,
La drache, la damnée, qui nous rince en vaisselle !

Rentons dans ce café, buvons un lait au miel,
Un Orval, une Kriek, grignotons un bretzel.
Que d’eau ! Que d’eau ! Que d’eau à Bruxelles ruisselle !

*Olivier Salon


Détours humides
 
Méandres des trottoirs, vers les chantiers perdus
Déambuler mouillé, à grands pas dans la rue,
Pavés irréguliers colorant l'avenue
Où d'arrogants frontons veillent les malotrus.

Rêver de raccourcis, et tracer impromptu
Humides mes baskets, mais ai-je la berlue ?
Un immense vase vert, pourquoi n'avoir rien vu
La grande fenêtre où crie l'enfant joufflu ?

Bris des tractopelles, ma marche interrompue
Dépose du goudron quand sous la pluie une grue
Amorce sa rotation, circuit hurluberlu.

Faut-il passer tout près des maisons biscornues
Faut-il les éviter et guetter la venue
D'un bus qui passerait, oh veine de cocu !

Camille

Poèmes de sensation

 
Poèmes de sensation (en utilisant les cinq sens)


Je zieute l’insolite des formes crollées
J’ouïs le vert des langues ornées
Je renifle le subtil des luisants pavés
Je goûte l’amer des breuvages ambrés
J’effleure la peau des murs graffités
Je déambule dans une ville de bulles belle

Valérie
*
 
Je sens les odeurs mêlées du marché.
Je vois le regard presque haineux de l'automobiliste que nous gênons un peu dans son virage.
Je touche le luisant attirant des autocollants sur les poteaux.
J'entends les cris stridents d'un enfant dans sa poussette : "caca poulet".
Je goute le jambon de Parme de la pizza. 

Henry
*

 
Poème de sens/ Poème d’essence

Je regarde les soucoupes volantes qui fouettent les impasses de vide et de tags

J’entends la cuisine d’adrénaline qui irrigue la ville de canaux auditifs

Je sens les nids de cheveux d’anges qui coiffent le quartier de gasoil

Je goûte la guimauve folle qui lézarde les façades saoulées de sel

Je touche la tête pressée des murs qui murmurent la rue

J’effleure le bouquet haché qui hachure le fatras des plâtras rêches

Je déguste les larmes salées qui arment les regards hagards des larves urbaines

Je hume les cornets de mots cuits qui encensent les portions de frites

J’écoute la mélodie des clous de girofle qui gonflent de mélancolie les passages piétons

Je vois la mayonnaise automobile qui maille le destin citadin de citronnade blanche.


Michèle
*
 
Je regarde ni dieu ni maître tracé en bleu, made in china écrit en rouge et ça ne me fait rien; J'entends le guide qui, a propos du chiffre 42, parle de Fortuna qui est mort dans d'atroces circonstances qu'il ne précisera pas (ce qui fait flotter mon imagination un temps incertain jusqu'à de funestes orées), je sens la fraicheur trop humide de l'air, je goutte les gaz âcres des pots d'échappements, je touche terre.
J'effleure le granuleux de la façade noire, je déguste un café bio froid en canette, j'hume un fond d'iode caché dans l'air à moins que je n'hallucine la proximité de la mer ( la mer en tout cas plus près d'ici que de Paris), j'écoute une voix de space invader qui piaille dans ma tête, je vois les gouttes argentées de pluie revenue; et comment elles précipitent de la grêle qui fond comme une nuée de guêpes métalliques attaquant les irréguliers pavés.

Camille
*
 
Je regarde sans voir
J’entends sans humer
Je sens sans déguster
Je goûte sans écouter
Je touche sans effleurer

J’effleure sans goûter
Je déguste sans entendre
Je hume sans toucher
J’écoute sans regarder
Je vois sans sentir

En ville je ne pas peux faire deux choses à la fois

Danièle

*

Je sens les odeurs mêlées du marché.
Je vois le regard presque haineux de l'automobiliste que nous gênons un peu dans son virage.
Je touche le luisant attirant des autocollants sur les poteaux.
J'entends les cris de d'un enfant dans sa poussette : "caca poulet"
Je goute le jambon de Parme de la pizza.

Henry
*

Je sens malgré moi l’haleine de pisse matinale qui me laisse penser que la nuit a été bien arrosée.

Je croque l’extrémité croustillante de mon croissant et la laisse se disloquer doucement contre mon palais.

J’entends un brouillard vocal, une sorte de purée de langues diverses et variées : hindi, français, arabe, néerlandais.

J’observe deux lapins en chocolat qui se bécotent sur une affiche et je me dis que si Benoît XVI avait vu ça, il aurait sûrement demandé son retrait immédiat.

J’effleure le béton granulé et laisse ma paume se faire chatouiller par les petits brins d’herbe indignés qui ont poussé dans les interstices libérés par le temps qui a passé.

Mélanie

Poème des 5 sensJe regarde la pierre levée dédiée au Pèlerin anonyme et plus loin les tours monolithiques dressées dans le ciel bruxellois
J'entends faire trop, knaille, odsus, made in China
Je sens le mur moins lisse révélé par le tag
Je goûte l'écriture nez au vent sans menottes ni coups de poings
Je touche des signes colorés au son du ghetto-blaster

J'effleure les pavés déracinés, et pourquoi pas si
Je déguste les tags, graphes, l'eau à la bouche, si
Je hume l'acide fluorhydrique rongeant la plaque de verre, si
J'écoute le grapheur sécher ses larmes, et si
Je ne vois pas les murs crier ni n'entends pleurer les aveugles
Myriam







 

Sélénets


 
Sélénet 

Le sélénet est une forme fixe, un couplet de deux quatrains. "Au clair de la lune" est un sélénet.
[à chanter sur l’air d’ « Au clair de la lune » ou sur une mélodie librement adaptée – ô sacrilège ! – de la Gnossienne n°1 d’Erik Satie]

Griffe sur les graphes
Brossons le tableau
Graffiti, fais gaffe
Toiture à moineau

Des formes crollées
De luisants pavés
Des langues ornées
Breuvages ambrés

Valérie


Haïkus

 
Haïkus ordinaires

Mur tatoué, lèpre
Jambage point virgule
Tapisserie urbaine

Bleu, blanc, noir, jaune
Bombe murale en mots vifs
Vert, rouge, orange, gris

Haïkus à acrostiche

Théâtre de mots
Amour de phrases molles
Gargarisme cois

Tapis à dessin
Anicroche murale
Graphisme urbain

Michèle
                                                                                  *
Haïkus acrostiches

Définition du tag
Taillader les murs
À voir leurs couleurs hurler
Grisaille oubliée
 
                                                                             Myriam 

 *
Toi tu te veux libre
Aventureux prouesse
Graf ta rébellion
Rina
*

Tintamarre, couleurs
Aspirations ambiguës
Grincements acides
Danièle

*

Trait vite tiré
Agents toujours aux aguets
Guerre incessante
                                                                         Marianne

*
Accroché au mur
Longue Chenille de mots
Qui attend tes yeux

Te guettant de haut
ses lettres colériques,
l'envol n'est pas loin

Tracé d'un trait bleu
Avec une main rapide,
Gratte ton quartier
Camille

Lipogrammes

 
Lipogramme ‘Le parvis’

Valse rave lisse
Perle l’air passe-passe
Pare la ville
Parle vase
Vire le vil vis-à-vis

Rêve, raille, visse
Reprise par paire
Rives à plis, pari rare
Vrille plèvre
Ire varie
Sale la prise
Livre le vair
Râpe à vie
Revis, ravis, pars,

Livre la vraie ville
Pareils les pavés ivres
Saisis le sel
L’air pisse le rap
Le pire ? plaire, parvis !


Michèle

Balade à Molenbeek

« Mon commandant, mon commandant ! »
«  Eh, gendarme van Kakenbreek »
« Ah ? La grève ? Problème de tram ? Métro Comte de Flandre ? »
« Non, non commandant »
Le commandant se palpe la barbe : « La météo, alors ? »

L’agent Ramed El Akhenaton entre énervé et transporte le message pressant. Le commandant lèche sa tasse et rallonge son café avec son verre d’alcool. Le commandant adore les pots et les poèmes. Rahmed lance : « Tag géant. La bande à Zaz bat le pavé. Elle a passé le pont de Ransfort. Trop tard, attentat contre l’alphabet à Molenbeek. Des graffers ont enlevé des lettres à la bombe phosphorescente»

Le commandant rétorque : « Des éléments ? »
Rahmed répond : «  Le chef de gang, c’est Lendrot. Cet honorable prof épèle son nom à l’envers. Ses compères s’appellent Pochet, Salon, Forté, Rapollot et la femme-fée ». « Ah bon, la femme », commente le commandant.

« Et le poème ? J’attends mon brave »

Rahmed commence : 
Drôle de salade à raconter. Menthe et sablés de Molenbleek, pas de galettes wallonnes, pas de crêpes flamandes.
Tram sans nom. Arrêt Molenbeek la verte.
T’es à l’est de la gare.
A sept pas de l’antre d’Allah
A trente empans de la chapelle Art déco
Collé trop près, le canal, passage secret
Pont
Bande annonce potagère

Molenbeek forte tête
A côté cent mots s’étalent à la ronde et flottent en bloc
et fêtent les mots
Drache, ressac de phrases
Bals, bombardements, molotovs
Ca barde à Molenbeek
Salle à starlettes et à vedettes
Lettres géantes
Cornes de gazelle

Molenbeek la fêtarde
Port armé de grande frappe
entre en scène
canal temps
sacs colorés
talons compensés
tchadors sombres
Molenbeek la folle.

Michèle