mardi 8 mai 2012

Combinatoire


Déambuler à enjambées irrégulières
Quand irréguliers et multicolores les pavés affleurent
S'humidifier sans pouvoir y faire
Comment ignorer l'arrogance des frontons
Se sentir perdue dans le méandre des rues toutes en chantier
Inventant dans sa cervelle brumeuse des raccourcis invisibles
Passant sur les larmes du garçonnet joufflu derrière sa fenêtre
Sentir le crachin transpercer jusqu'à la moelle
Réalisant qu'un grand immeuble moche a remplacé l'hippodrome d'hiver où Elvis a chanté
Ne pas de retrouver dans cet urbanisme de bric et de broc
en traversant les passages piétons, ne même pas jeter un œil sur les côtés


Imagine. Déambuler à enjambées irrégulières, sur d'irréguliers et multicolores pavés, ils affleurent. S'humidifier sans pouvoir y faire. Comment ignorer l'arrogance des frontons ? Se sentir perdue dans de méandreuses rues toutes en chantier. Inventant dans ma cervelle brumeuses des raccourcis invisibles. Passant sur les larmes du garçonnet joufflu derrière sa fenêtre. Sentir le crachin transpercer jusqu'à la moelle. Réalisant qu'un grand immeuble moche a remplacé l'hippodrome d'hiver où Elvis a chanté. Ne pas de retrouver dans cet urbanisme de bric et de broc, en traversant les passages piétons ne même pas jeter un œil sur les cotés, passant à tort et à travers 807 gouttes et même tes larmes... Et alors ? La pluie. Cependant... Pourquoi pas ? Bien que.
                                                                        Camille

Beau présent

Voyez ici ce qu'est un beau présent.

 

 Le parvis

  

Aie, le paris, péril ! 

Presser le pas par là,

Relier le rail
Aller à l'île pâle
Pisser le sel épars
Aie, l'ère rassie, resserrée, rase
Priser l'ellipse, le pas pris
Resserrer sa lippe lasse.
Aie, l'ère salie
Lire le sel et pire,
Plaire sans saillie, sans aile.

Aie Passer par elle, l'Éparpillée sans pareille
Elle Apaise le réel.
Ellipse rare : rallier le réel, le lisser après l'essai pile.
Le périple pressé, pas le périr pire !
La perle lisse, pas la pile sale !
L'assise éprise, pas le passé paillé !
Ah, l'ère perlée !
Camille

 

Marcottages

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le et mâch
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Mar


Marcottage

Bruxelles dénudée, insolente à narguer :
C'est que ce matin brun pleut dans le drap du ciel
Si je me sens fébrile et mâche les idées
C'est que je me crois vraie dans l'ombre de la belle
Quel idéal a-t-on, quel espoir affolé
Magie tranchant le soir, d'ici on voit Ixelles
Joie de cette élégance et de sa dignité
Baluchon éphémère, énorme passerelle
A nous deux les passages, souterrains démasqués
Ta personnalité, comme jamais s'en mêle
Nuages crus et clairs, tels des envies brisées
Nos émerveillements sortent en ritournelle
Vois, mes yeux sont nouveaux, comme tout juste nés
Pour que nous surprenions toutes les étincelles,
Tous les pas des badauds, malgré le ciel inquiet,
Tous les lieux mis en rang, au bout de tes ruelles...
S'inscrire dans la ville, expérience entamée,
Mon âme vagabonde, incroyable marelle,
Bruxelles dénudée, insolente à trembler.

Amélie

 
Descente lente à Narcoville
Il pleut dans le drugstore
On râle et mâchouille un joint
On reste dans l'ombre avec son désespoir
On se demande quel idéal a ce tagueur
Errant le soir, de rue en rue.

Élisabeth

*

Le tagueur, d'une écriture opulente de nageoires roses
Se meut dans le drôle de monde urbain
Et bombe et colle et mâchonne les murs
Dans l’ombre des cours et des tours.
Dans quel idéal atterrit-il
Dansant, le soir, dans le lit de la ville ?

Mar
*

Marcottages
(d'après un poème d'Emile Verhaeren in Les villes tentaculaires)

Bruxelles est lente à narrer car
il pleut dans le droit chemin
Grisaille et mâchicoulis
Tous les ans l'ombrelle des kiosques
Sans savoir quel idéal atteindre
Joue perdant, le soir, des mois de printemps
Marie-Hélène

*

Elle est si lente à naître, l'image de cette ville
Pendant trois jours de pluie, elle se meut dans le drame
Réunis, optimistes, on parle et mâche mille
Mot entendus et lus, sans l'ombre d'une rame
La STIB toujours en panne, quel idéal avoir ?
Ébauchant le soir des vers plus alléchants


Marie-Hélène
 

Une aventure lente à narrer
Lentement il se meut dans le droit boulevard
Lentement il somnole et mâchonne dents serrées
Un chou de Bruxelles dans l'ombre de la gare
Lentement il s'interroge : quel idéal a pu à souhait
Des jours durant, le soir, de sa vie, le faire stagner
Et revient la souvenance de sa
première énorme mégère
De ses sempiternels commérages, sous l'effet des trappistes fermentées
A sa vénalité comme jamais exprimée
Avait-elle les yeux bleus et clairs, tels les premiers jours
Quand sans crainte des éléments sortent
Vaches chevaux veaux et cochons
Quand dans toutes les fêtes de village
Elle captait l'oeil des badauds malgré la fureur du père qui hurlait
Qu'il y aurait du sang au bout de l'histoire
Et que toute la ville
serait submergé par l'onde de sa colère
Je dois dire que malgré l'assistance
que maintenant son ordonnance
est la moisissure du moment
Quelles horreurs ! Quel ornement !
La délivrance de ses bontés serre le cœur
et absorbe la bourse
Et si l'autre souffre de l'un
Son délassement amorphe ou ses désirs ardents l'illuminent
comme une vierge décente, et son cri s'entend loin de la ville
Et si certains veulent ses feux éteints
C 'est en ne fantasmant qu'aux plaisirs lointains.


Philippe


lundi 7 mai 2012

Sonnets et quatrains

Sonnet

S'éloigner sous la pluie loin du Mont Palatin
Et rasant les façades le ciel bas, grise mine
Toutes ces trombes d'eau au long de la ravine
Que ce froid picotant surprend de bon matin

À chaque coin de rue tendre l'ouïe aux potins
De ces fenêtres-là je vois et j'imagine
Dans la pièce tombeau l'ennui loin des cuisines
À entendre les gouttes tomber drues tout chagrin

Alors que raconter de ces humeurs badines
Et que dire du métro où même on assassine
De ces veines de pluie traces rouges carmins

Presser le pas mouillé vers la ville voisine
Oublier ces pensées qui toutes me taquinent
Embrayer nez au vent sur de beaux lendemains

                                                                 Myriam

 
Souvenir de Schaerbeek

Cette pluie sans arrêt martelait nos échines
Nous avancions pourtant sous le grand ciel éteint
Car nous voulions les voir, ces endroits très urbains
Malgré l’humide vent et la brume très fine

Donc nous marchions vaillants, dans ce temps qui chagrine
Les rues et les maisons, jardins et magasins,
Sols en goudron mouillé et caniveaux trop pleins
Tout nous semblait mouvant, incertain, en gésine.

Marie

 

Madeleine


J’ai cherché sur ma peau ce qui m’est madeleine
Ce qui me resurgit, tend au goût d’absolu
Ce qui s’imprime en moi sans prendre le dessus
Car de ces émotions, j’ai la bouche si pleine

Ce qui marque mon corps, c’est la ville, la reine
Et mes grains de beauté, ceux que je ne vois plus
Disent pourtant en vrac les maisons et les rues
Quel est mon territoire, le mouvement m’entraîne

Ce que retient mon ventre, en folle ribambelle
Ce sont les murs rasés, palimpseste sans nom
Ces bleus sur mes genoux sont aussi bleus du ciel

Cicatrice à mon bras, souvenirs à la pelle
La ville est une amante, et nous nous enlaçons
Quand je n’attendais rien, quand je n’attendais qu’elle.

Amélie

Panostique

 
PANOSTIQUE

 Le panostique paysager décrit un panorama à 360 °


une balançoire essuie la gauche du monostique et plonge dans du vert, vert vibrant des frondaisons, 
vert luisant du cheval en bronze

les pigeons picorent, un enfant attend son tour à la plaine de jeux, et deux filles continuent 
à s’en balancer,  un chien cherche son maître et le cavalier vert se fige

deux parterres de fleurs jaunes, au milieu un palmier, tour qui surgit, miroir des immeubles au loin, 
grue à l'horizon, ciel dénonçant l'orage.

ciel menaçant, architecture éclectique, encadrements multicolores, briques, châssis, ferronneries, 
graffites, nature, verdure, cris d’enfants

un marronnier d’un vert très frais puis des sapins puis d’autres arbres encore peu feuillus protègent 
une haute façade rouge au pignon faussement moyenâgeux

la ville d'hier et d'aujourd'hui mêlées, le calme au milieu de la ville, la rue, l'arbre nu, le chant 
d'un oiseau, au fond une tour derrière la vie des gens
  
                                                                                                                         Travail collectif

 
Panoramique de mots pour dire un paysage
Rouge star, façade crème à l’aveugle, sur le devant trogne urbain en écharpe, 
ciel gris moutonné sur un avant-plan d’hôpital et de couronne de justice et 
tout devant le végétal fluo et plus devant encore l’avaleur de verre en plastique blanc
 sous le nuage blanc sur lequel se découpe un chapeau gris en toit de fée 
à moitié caché par le mur opaque d’un container à frites blanc aussi 
où le crack d’un tag dégouline sur l’herbe.

                                                                                                        Michèle
MONOSTIQUE

Le vieux chauve à la fenêtre du quatrième quand, de sa mezzanine du troisième, une femme au chat
écrit allongée sans voir la camionnette profilo-châssis-volets-porte que dépasse
une voiture qui s'enfuit au feu vert.

                                                                                                                              Camille

 Vers panorama, monostique paysager
Clac la grille refermée, les pigeons sur le linteau de l'immeuble au coin, des voisins qui,
fenêtres grandes ouvertes, terminent leur nuit

                                                                                                                                                            Myriam


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samedi 5 mai 2012

Gestomètre de sensations

Gestomètre de sensations

Suivre le groupe
Parcourir les rues
Lever les yeux
Regarder la façade
Inventorier les matériaux
Repérer les techniques utilisées
Citer les architectes
Prendre des notes
Deviner l'envers du décor
Rêver d'y pénétrer
Se laisser surprendre par le puits de lumière
Reluquer le détail
Monter l'escalier
Ressentir le mouvement
Je vis là, pour un instant, dans un autre temps, obligée de tenir sagement un rôle imposé. Quel bonheur de pouvoir seulement admirer, deviner, imaginer la vie des bourgeoises élégantes et des soubrettes effacées.
Rejoindre la sortie
Éprouver un frisson
Sentir le vent
Voir les arbres
Admirer la perspective
Observer la démesure
Palper la poignée
Suivre les courbes
Comparer les saveurs
Savoir goûter Bruxelles.

Élisabeth

*

Promotion de la commune de Molenbeek par son bourgmestre


Balade à Molenbeek

Si vous n'arrivez pas à choisir entre terre et eau, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre Nord et Sud, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre jean's et djellaba, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre corne de gazelle et éclair au chocolat, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre minaret et clocher, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre Faro et thé à la menthe, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre chicon et poivron, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre foulard et brushing, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre coiffure Aziz et et coiffure René, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre rues grouillantes et impasses vides, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre frites et falafel, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre « dépôt-design » et « Nadia articles de ménage », venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre « la rose blanche » et « le rêve de Jasmin », venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre le marché aux porcs et la boucherie Halal, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre petite frappe et commerçant cossu, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre Duras et Voltaire, venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre « 100 000 chemises » et « 1001 nuits », venez à Molenbeek !
Si vous n'arrivez pas à choisir entre faux riches et vrais pauvres, venez à Molenbeek !
Choisir, c'est exclure
Arrêtez de choisir
Prenez tout !
Venez à Molenbeek !

Marianne