On imagine qu'un personnage célèbre fait la même visite que nous :
Bruxelles
vu par…
Lacan
Lacan finira
par être un panseur à succès
Lacan fera
ainsi paraître ses libres pensées à Bruxelles
Lacan a
longtemps séché sur son sujet
Lacan
interroge l’art du comic-streap
Lacan
louange le trop comique du street art
Lacan n’a
ni dieu ni maître ; il déteste l’armée
Lacan a pour
guide Obêtre, sécheur de larmes et
Lacan
ausculte le langage sur la peau des murs
Lacan exulte
à l’appel de l’appeau des mots*
Lacan fait
gaffe aux graffitis ici
Lacan tombe
à Cobra raccourci sur Kouba le massaï
Lacan
s’active Houba Houba Kaï Kaï
Lacan tag à
tag tsoin tsoin
Lacan hébété
confond bédé et faconde scriptée
Lacan écrit
dans sa tête ce qu’on écrit sur ces murs
Lacan ivre
de mots livre son livre de maux
Lacan met sa
griffe sur les graphes
Lacan
s’agrippe aux murs gris sale
Lacan signe
son nouvel opus dans les flaques
Lacan soigne
la laque des signes
Humm…Humm…Huumm…
“Lacan
les vacances ?”**
*Véronique
Pestel
**un Papou
(dans la tête)
Valérie
Mélanie
Horta
a envie de sortir de sa belle maison.
Horta
se lasse de ses ferrures végétales, il veut voir du neuf.
Horta
rencontre son ami Pierre, l'orbêtre effaceur de chagrins, résistant
de la première heure.
Horta
lui désigne du regard de vagues traces de peinture sur un beau mur
de pierre.
Horta
s'offusque tandis qu'un marmot résistant passe en floppant du
caca-boulette.
Horta
s'interroge : sous les traces il lit cobra, cela
aurait-il un sens ?
Horta
est entraîné dans les sens et contre-sens des grafeurs arpenteurs
de ville.
Horta
admire le cœur bombé par Pierre pour sa bien-aimée, il pense
« encore des courbes, pourquoi ces couleurs-là ? »
Horta
alors s'interroge. « Que dira-t-on de mes enchevêtrements
botaniques de métal vert après moi ? »
Horta
les imagine s'envoler pour se poser sur les murs saint-gillois.
Horta
aurait aimé peindre cette petite danseuse bombeuse, jupe blanche en
corolle.
Horta
repense au défi qu'il s'était mis : abolir la néo-renaissance
flamande.
Horta
se demande si les grafeurs aussi défient un art installé.
Horta
n'en a pas fini de s'étonner, les messages laissés aux passants lui
parlent, particulièrement celui-ci : « ils ont écrit
dans nos têtes, nous écrivons sur vos murs ».
Horta
s'amuse des jeux fuite-poursuite grafeurs-policiers.
Horta
sent monter en lui le désir d'accompagner Pierre une nuit de pleine
lune, bombe à la main.
Horta
s'émerveille devant le grand-oeuvre de l'orbêtre, cercle noir,
courbes rouges et blanches, toujours des courbes...
Horta
n'a pas remarqué les space invaders, tout en carrés.
Horta
en redemandera mais à présent.
Horta
s'en retourne dans sa belle maison, un peu inquiet cependant :
« Aimerai-je le graffiti que Pierre déposera en douce sur ma
façade ? »
Cécile
*
Personnage
connu
Camille
avait cherché dans tout Paris son nouveau modèle, et c'est à
Bruxelles qu'elle se retrouva, à la recherche de Pierre, dit aussi
obes ou obetre.
Camille
ne voulait que lui !
Camille
voulait le sculpter, mais comment approcher ce kwai-tagueur ?
Camille
connaissait tout de ses démêlés avec la justice, elle le suivait à
travers la petite commune de Saint-Gilles, guidée par les graffitis
qu'il peignait sur tout support à portée de main.
Camille
savait que les vingt policiers de la tagothèque qui traquaient
Pierre essaieraient de l'enfermer à l'asile, ce que son ex-amant
souhaitait aussi faire d'elle.
Camille
savait ce dernier inquiet qu'elle ne le surpasse, lui le maître.
Camille
abandonné par son amant Auguste, désirait plus que tout le rendre
jaloux, en sculptant son nouvel objet de désir.
Camille
découvrait chaque jour de nouvelles oeuvrettes. Le feu intérieur
qui la brûlait l'aiderait à réaliser sa plus belle sculpture.
Camille
s'émerveillait devant les grafs, les tags et les flops de la ville.
Camille
devenait forte à lire sur les églises « descends si tu es un
homme ! », « pas de vie sans utopie » ou
encore « feu aux prisons ».
Camille
déambulait, rencontrait des cobra, kooka, fétus ou mizo qui la
guidaient vers Pierre et la protégeaient des guerriers qui
détroussaient les graffeurs.
Camille
rêvait devant le rouge et le noir qui s'embrasaient sur le mur, 44
rue Coenraets, à la Loeuvrette Factory, et observait Pierre, il
était là, tout près.
Myriam
*
Arsène
a détroussé Violaine.
Arsène
en chirurgien expérimenté lui à laissé le « Vi ».
Arsène
aurait tout de même préféré la trousser.
Arsène
a caressé un corsage orné de dentelle rouge.
Arsène
aurait bien aimé dérober la poitrine qu’il y avait en dessous.
Arsène
a maté tous les diamants, les brillants et autres scintillants qui
lui souriaient.
Arsène
n’a rien subtilisé. Promis, juré !
Arsène
n’a pas craché, au cas où un trésor retord se mettrait à sa
portée.
Arsène
a déshabillé du regard toutes les fiancées.
Arsène
a gardé celui de la fille aux bas colorés.
Arsène
a envie d’un coup d’enfer, un coup osé. Ce n’est pas un bandit
erzatzé.
Arsène
voit une 307 approcher.
Arsène,
on ne la lui fait pas, même si on est undercoveré.
Arsène
joue des tours sans détours. C’est une canaille exercée.
Arsène
s’est effondré sur le sol asphalté.
Arsène
est ranimé par des policiers agacés.
Arsène
rit encore quand il pense aux agents qu’il a dépouillés de leur
véhicule et qu’il a abandonnés sur la chaussée.
Mélanie
*
*
Découverte de
Bruxelles en compagnie de Georges Perec
Perec monte sur Bruxelles hors texte
Ellis Island sur Senne
Perec descend l’Albertine et le faro
Far West communautaire
Perec découvre le coït architectural
Entre la Madeleine et Saint Jean
Perec pense que Marcel n’est pas loin
Perec parodie les contrepèteries des
contrefacteurs
Perec piaffe, édite, bombarde le mont
des Arts
Perec entartre les siècles de
désastre
Pauvre B, âme vendue aux marchands du
Temple sans I, ni O
Ilot sacré ou sexe des anges ? Jeux
de langues, peut-être ?
Perec arpente les galeries tous saints
confondus
Perec ausculte la ville en cornet de
pralines
Perec lèche les vitrines et survit au
chant du Cygne
Perec tire à boulet rouge Grand-Place
Perec terrasse l’archange Michel
sans O, ni U
Perec déguste les bas-fonds in texto
Bruxelles la fauve
Perec vend son âme et son corps au
Roi d’Espagne
Mode d’emploi littéraire
Perec mange des crêpes
Perec goûte le gros et le gras
Entre les trois gentilshommes et la
bécasse
Perec spécule et croque le spéculoos
Perec ballotte le Condottiere en vitrine
Perec exhibe sa correspondance en 56
lettres
Perec amuse la galerie des Princes
Perec se la joue en muse de libraire
Tropisme broulipien ou inventaire de
façades? Bruxellisation, peut-être ?
Perec monte sur ses grands chevaux pour
faire la nique à la pieuse Gudule
Perec danse la gigue à la mort subite
Perec fête Bruxelles la Belle
Perec marche
Perec disparaît sans U, ni O
Michèle
Découverte de
Bruxelles en compagnie d'Albert II
Albert
II revient d'une belle balade en Méditerranée sur son nouveau yacht
avec Paola, il faut bien le rentabiliser, il n'a couté que 4,600 000
euros. Heureusement, Laurent et Claire se sont désistés la veille
de leur départ.
Albert
II, grâce à la complicité de son majordome préféré, a pu
s'échapper du Château de Laeken pour un couple d'heures, tout cela
incognito, porteur d'une barbiche noire et de lunettes de soleil.
Photo : Marie Nihoul
Albert
II a décidé de visiter la commune de Molenbeek dont il a souvent
entendu parler à la télévision ou par ses conseillers, mais qu'il
ne connait pas.
Albert
II commence par la Maison communale. Tiens, ils ont fait comme à
Laeken, ici les portraits des bourgmestres de la ville, pas ceux des
rois bien entendu... sont affichés au mur. Ouh la, la, quels drôles
de noms : Stevens, Meeus, Vanderkindere... Il vaut mieux s'appeler
Léopold, Baudouin ou Albert décidément. Il y en a même un qui
s'appelle Jean-Baptiste Débauche ou Débauché. Faut le faire...
Que
de chaussures ! Il y a de quoi prendre son pied, ici.
Que
de nourriture orientale ! Est-il bien le Roi de tous ces sujets ?
Osera-til
s'acheter des cornes de gazelle ?
Mais
s'il montre cela à Paola, elle va surement lui cracher : "Des
cornes, des cornes, tu as encore été bien inspiré, j'en ai déjà
plus qu'assez !"
Que
de voiles, même sur de jeunes personnes qui n'ont point la nécessité
de cacher une calvitie naissante, je suppose...
Et
les chemises !
Albert
II tombe en arrêt devant un magasin qui a comme enseigne "Aux
100 000 chemises".
Albert
II pense qu'il en a seulement 287, il les a encore recomptées cette
nuit lors d'une insomnie, après un coup de fil de Philippe. Ils sont
bien riches, ces gens, 100 000 chemises, il en rêve.
Benoit
XVI s'arrête au pied de la Porte de Hal abasourdi devant "Ni
Dieu ni maitre".
Benoit
XVI médite sous le porche de la Porte de Hal devant le grabat d'un
clochard.
Benoit
XVI entend sa papamobile hoqueter lorsqu'il lit "Made in China".
Benoit
XVI ne se tient plus lorsqu'il lit : "Ils ont écrit dans nos
têtes, nous écrivons sur vos murs".
Benoit
XVI imagine les portes du Vatican taguées d'irrespectueux "Nike
ta mère".
Benoit
XVI entrevoit le plafond de la chapelle Sixtine infecté d'insultes
du genre "Descends, si tu es un homme".
Benoit
XVI se recueille devant "C'est parce que ce nous avons tout que
nous voulons tout le reste."
Benoit
XVI a envie de piquer une pomme à l'étalage du légumier mais le
cinquième commandement le lui interdit.
Benoit
XVI se dit qu'heureusement les tags ont épargné l'église du
Parvis.
Benoit
XVI se dit que s'il osait, il poserait bien sa signature BXVI sur ses
murs, rien que pour laisser une trace de son passage uniquement
décryptable par les Chrétiens initiés.
Henry
Le Manneken Pis s'ennuie.
Le Manneken Pis s'enfuit.
Le Manneken Pis veut
découvrir qui est le roi ici.
Le Manneken Pis dévale
la rue Montagne de la cour.
Le Manneken Pis hésite à
prendre le bus touristique pour faire un petit tour.
Le Manneken Pis renonce :
que va-t-on voir si lui n'est plus là ?
Le Manneken Pis se sent
tout petit – et c'est le cas de le dire.
Le Manneken Pis a peur
des pigeons.
Le Manneken Pis est
jaloux de la statue d'Albert : allure, fierté, ambition.
Le Manneken Pis se voit
en carte postale... : revanche !
Le Manneken Pis se revoit
en carte postale. Et encore une fois.
Le Manneken Pis fredonne
la balade des gens heureux, soudain entendu à la radio.
Le Manneken Pis songe à
rentrer, il fait un peu froid.
Amélie
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