vendredi 20 avril 2012

Découverte de Bruxelles en compagnie de

On imagine qu'un personnage célèbre fait la même visite que nous :
 
Bruxelles vu par…

Lacan

Lacan finira par être un panseur à succès
Lacan fera ainsi paraître ses libres pensées à Bruxelles
Lacan a longtemps séché sur son sujet
Lacan interroge l’art du comic-streap
Lacan louange le trop comique du street art
Lacan n’a ni dieu ni maître ; il déteste l’armée
Lacan a pour guide Obêtre, sécheur de larmes et
Lacan ausculte le langage sur la peau des murs
Lacan exulte à l’appel de l’appeau des mots*
Lacan fait gaffe aux graffitis ici
Lacan tombe à Cobra raccourci sur Kouba le massaï
Lacan s’active Houba Houba Kaï Kaï
Lacan tag à tag tsoin tsoin
Lacan hébété confond bédé et faconde scriptée
Lacan écrit dans sa tête ce qu’on écrit sur ces murs
Lacan ivre de mots livre son livre de maux
Lacan met sa griffe sur les graphes
Lacan s’agrippe aux murs gris sale
Lacan signe son nouvel opus dans les flaques
Lacan soigne la laque des signes
Humm…Humm…Huumm…
Lacan les vacances ?”**

*Véronique Pestel
**un Papou (dans la tête)
Valérie
Mélanie
 
Horta a envie de sortir de sa belle maison.
Horta se lasse de ses ferrures végétales, il veut voir du neuf.
Horta rencontre son ami Pierre, l'orbêtre effaceur de chagrins, résistant de la première heure.
Horta lui désigne du regard de vagues traces de peinture sur un beau mur de pierre.
Horta s'offusque tandis qu'un marmot résistant passe en floppant du caca-boulette.
Horta s'interroge : sous les traces il lit cobra, cela aurait-il un sens ?
Horta est entraîné dans les sens et contre-sens des grafeurs arpenteurs de ville.
Horta admire le cœur bombé par Pierre pour sa bien-aimée, il pense « encore des courbes, pourquoi ces couleurs-là ? »
Horta alors s'interroge. « Que dira-t-on de mes enchevêtrements botaniques de métal vert après moi ? »
Horta les imagine s'envoler pour se poser sur les murs saint-gillois.
Horta aurait aimé peindre cette petite danseuse bombeuse, jupe blanche en corolle.
Horta repense au défi qu'il s'était mis : abolir la néo-renaissance flamande.
Horta se demande si les grafeurs aussi défient un art installé.
Horta n'en a pas fini de s'étonner, les messages laissés aux passants lui parlent, particulièrement celui-ci : « ils ont écrit dans nos têtes, nous écrivons sur vos murs ».
Horta s'amuse des jeux fuite-poursuite grafeurs-policiers.
Horta sent monter en lui le désir d'accompagner Pierre une nuit de pleine lune, bombe à la main.
Horta s'émerveille devant le grand-oeuvre de l'orbêtre, cercle noir, courbes rouges et blanches, toujours des courbes...
Horta n'a pas remarqué les space invaders, tout en carrés.
Horta en redemandera mais à présent.
Horta s'en retourne dans sa belle maison, un peu inquiet cependant : « Aimerai-je le graffiti que Pierre déposera en douce sur ma façade ? »

Cécile

*

Personnage connu

Camille avait cherché dans tout Paris son nouveau modèle, et c'est à Bruxelles qu'elle se retrouva, à la recherche de Pierre, dit aussi obes ou obetre.
Camille ne voulait que lui !
Camille voulait le sculpter, mais comment approcher ce kwai-tagueur ?
Camille connaissait tout de ses démêlés avec la justice, elle le suivait à travers la petite commune de Saint-Gilles, guidée par les graffitis qu'il peignait sur tout support à portée de main.
Camille savait que les vingt policiers de la tagothèque qui traquaient Pierre essaieraient de l'enfermer à l'asile, ce que son ex-amant souhaitait aussi faire d'elle.
Camille savait ce dernier inquiet qu'elle ne le surpasse, lui le maître.
Camille abandonné par son amant Auguste, désirait plus que tout le rendre jaloux, en sculptant son nouvel objet de désir.
Camille découvrait chaque jour de nouvelles oeuvrettes. Le feu intérieur qui la brûlait l'aiderait à réaliser sa plus belle sculpture.
Camille s'émerveillait devant les grafs, les tags et les flops de la ville.
Camille devenait forte à lire sur les églises « descends si tu es un homme ! », « pas de vie sans utopie » ou encore « feu aux prisons ».
Camille déambulait, rencontrait des cobra, kooka, fétus ou mizo qui la guidaient vers Pierre et la protégeaient des guerriers qui détroussaient les graffeurs.
Camille rêvait devant le rouge et le noir qui s'embrasaient sur le mur, 44 rue Coenraets, à la Loeuvrette Factory, et observait Pierre, il était là, tout près.

Myriam

*


Arsène a détroussé Violaine.
Arsène en chirurgien expérimenté lui à laissé le « Vi ».
Arsène aurait tout de même préféré la trousser.
Arsène a caressé un corsage orné de dentelle rouge.
Arsène aurait bien aimé dérober la poitrine qu’il y avait en dessous.
Arsène a maté tous les diamants, les brillants et autres scintillants qui lui souriaient.
Arsène n’a rien subtilisé. Promis, juré !
Arsène n’a pas craché, au cas où un trésor retord se mettrait à sa portée.
Arsène a déshabillé du regard toutes les fiancées.
Arsène a gardé celui de la fille aux bas colorés.
Arsène a envie d’un coup d’enfer, un coup osé. Ce n’est pas un bandit erzatzé.
Arsène voit une 307 approcher.
Arsène, on ne la lui fait pas, même si on est undercoveré.
Arsène joue des tours sans détours. C’est une canaille exercée.
Arsène s’est effondré sur le sol asphalté.
Arsène est ranimé par des policiers agacés.
Arsène rit encore quand il pense aux agents qu’il a dépouillés de leur véhicule et qu’il a abandonnés sur la chaussée.

Mélanie

*
*
Découverte de Bruxelles en compagnie de Georges Perec

Perec monte sur Bruxelles hors texte
Ellis Island sur Senne
Perec descend l’Albertine et le faro
Far West communautaire
Perec découvre le coït architectural
Entre la Madeleine et Saint Jean
Perec pense que Marcel n’est pas loin
Perec parodie les contrepèteries des contrefacteurs
Perec piaffe, édite, bombarde le mont des Arts
Perec entartre les siècles de désastre
Pauvre B, âme vendue aux marchands du Temple sans I, ni O
Ilot sacré ou sexe des anges ? Jeux de langues, peut-être ?

Perec arpente les galeries tous saints confondus
Perec ausculte la ville en cornet de pralines
Perec lèche les vitrines et survit au chant du Cygne
Perec tire à boulet rouge Grand-Place
Perec terrasse l’archange Michel sans O, ni U

Perec déguste les bas-fonds in texto
Bruxelles la fauve
Perec vend son âme et son corps au Roi d’Espagne
Mode d’emploi littéraire
Perec mange des crêpes
Perec goûte le gros et le gras
Entre les trois gentilshommes et la bécasse
Perec spécule et croque le spéculoos
Perec détartre son estomac en recopiant des recettes in situ

 Photo : Mar Biks

Perec ballotte le Condottiere en vitrine
Perec exhibe sa correspondance en 56 lettres
Perec amuse la galerie des Princes
Perec se la joue en muse de libraire
Tropisme broulipien ou inventaire de façades? Bruxellisation, peut-être ?

Perec monte sur ses grands chevaux pour faire la nique à la pieuse Gudule
Perec danse la gigue à la mort subite
Perec fête Bruxelles la Belle
Perec marche
Perec disparaît sans U, ni O

Michèle

Découverte de Bruxelles en compagnie d'Albert II 
 
Albert II revient d'une belle balade en Méditerranée sur son nouveau yacht avec Paola, il faut bien le rentabiliser, il n'a couté que 4,600 000 euros. Heureusement, Laurent et Claire se sont désistés la veille de leur départ.
Albert II, grâce à la complicité de son majordome préféré, a pu s'échapper du Château de Laeken pour un couple d'heures, tout cela incognito, porteur d'une barbiche noire et de lunettes de soleil.

 Photo : Marie Nihoul
Albert II a décidé de visiter la commune de Molenbeek dont il a souvent entendu parler à la télévision ou par ses conseillers, mais qu'il ne connait pas.
Albert II commence par la Maison communale. Tiens, ils ont fait comme à Laeken, ici les portraits des bourgmestres de la ville, pas ceux des rois bien entendu... sont affichés au mur. Ouh la, la, quels drôles de noms : Stevens, Meeus, Vanderkindere... Il vaut mieux s'appeler Léopold, Baudouin ou Albert décidément. Il y en a même un qui s'appelle Jean-Baptiste Débauche ou Débauché. Faut le faire...
Albert II en ai assez vu, il sort dans la rue.

Photo : Marie Nihoul
 
Que de chaussures ! Il y a de quoi prendre son pied, ici.
Que de nourriture orientale ! Est-il bien le Roi de tous ces sujets ?
Osera-til s'acheter des cornes de gazelle ?
Mais s'il montre cela à Paola, elle va surement lui cracher : "Des cornes, des cornes, tu as encore été bien inspiré, j'en ai déjà plus qu'assez !"
Que de voiles, même sur de jeunes personnes qui n'ont point la nécessité de cacher une calvitie naissante, je suppose...
Et les chemises !
Albert II tombe en arrêt devant un magasin qui a comme enseigne "Aux 100 000 chemises".
Albert II pense qu'il en a seulement 287, il les a encore recomptées cette nuit lors d'une insomnie, après un coup de fil de Philippe. Ils sont bien riches, ces gens, 100 000 chemises, il en rêve.


Benoit XVI s'arrête au pied de la Porte de Hal abasourdi devant "Ni Dieu ni maitre".
Benoit XVI médite sous le porche de la Porte de Hal devant le grabat d'un clochard.
Benoit XVI entend sa papamobile hoqueter lorsqu'il lit "Made in China".
Benoit XVI ne se tient plus lorsqu'il lit : "Ils ont écrit dans nos têtes, nous écrivons sur vos murs".
Benoit XVI imagine les portes du Vatican taguées d'irrespectueux "Nike ta mère".
Benoit XVI entrevoit le plafond de la chapelle Sixtine infecté d'insultes du genre "Descends, si tu es un homme".
Benoit XVI se recueille devant "C'est parce que ce nous avons tout que nous voulons tout le reste."
Benoit XVI a envie de piquer une pomme à l'étalage du légumier mais le cinquième commandement le lui interdit.
Benoit XVI se dit qu'heureusement les tags ont épargné l'église du Parvis.
Benoit XVI se dit que s'il osait, il poserait bien sa signature BXVI sur ses murs, rien que pour laisser une trace de son passage uniquement décryptable par les Chrétiens initiés.

                                                                                                                            Henry

 
Le Manneken Pis s'ennuie.
Le Manneken Pis s'enfuit.
Le Manneken Pis veut découvrir qui est le roi ici.
Le Manneken Pis dévale la rue Montagne de la cour.
Le Manneken Pis hésite à prendre le bus touristique pour faire un petit tour.
Le Manneken Pis renonce : que va-t-on voir si lui n'est plus là ?
Le Manneken Pis se sent tout petit – et c'est le cas de le dire.
Le Manneken Pis a peur des pigeons.
Le Manneken Pis est jaloux de la statue d'Albert : allure, fierté, ambition.
Le Manneken Pis se voit en carte postale... : revanche !
Le Manneken Pis se revoit en carte postale. Et encore une fois.
Le Manneken Pis fredonne la balade des gens heureux, soudain entendu à la radio.
Le Manneken Pis songe à rentrer, il fait un peu froid.

Amélie
 




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