Poèmes de
sensation (en utilisant les cinq sens)
Je zieute
l’insolite des formes crollées
J’ouïs le
vert des langues ornées
Je renifle
le subtil des luisants pavés
Je goûte
l’amer des breuvages ambrés
J’effleure
la peau des murs graffités
Je déambule
dans une ville de bulles belle
Valérie
*
Je
sens les odeurs mêlées du marché.
Je
vois le regard presque haineux de l'automobiliste que nous gênons un
peu dans son virage.
Je
touche le luisant attirant des autocollants sur les poteaux.
J'entends
les cris stridents d'un enfant dans sa poussette : "caca
poulet".
Je
goute le jambon de Parme de la pizza.
Henry
*
Poème de sens/ Poème d’essence
Je regarde les soucoupes volantes qui
fouettent les impasses de vide et de tags
J’entends la cuisine d’adrénaline
qui irrigue la ville de canaux auditifs
Je sens les nids de cheveux d’anges
qui coiffent le quartier de gasoil
Je goûte la guimauve folle qui lézarde
les façades saoulées de sel
Je touche la tête pressée des murs
qui murmurent la rue
J’effleure le bouquet haché qui
hachure le fatras des plâtras rêches
Je déguste les larmes salées qui
arment les regards hagards des larves urbaines
Je hume les cornets de mots cuits qui
encensent les portions de frites
J’écoute la mélodie des clous de
girofle qui gonflent de mélancolie les passages piétons
Je vois la mayonnaise automobile qui
maille le destin citadin de citronnade blanche.
Michèle
*
Je regarde ni dieu ni maître
tracé en bleu, made in china écrit en rouge et ça ne me fait rien; J'entends le guide qui, a propos du chiffre 42, parle de Fortuna qui
est mort dans d'atroces circonstances qu'il ne précisera pas (ce qui
fait flotter mon imagination un temps incertain jusqu'à de funestes
orées), je sens la fraicheur trop humide de l'air, je goutte les gaz
âcres des pots d'échappements, je touche terre.
J'effleure le granuleux de la
façade noire, je déguste un café bio froid en canette, j'hume un
fond d'iode caché dans l'air à moins que je n'hallucine la
proximité de la mer ( la mer en tout cas plus près d'ici que de
Paris), j'écoute une voix de space invader qui piaille dans ma tête,
je vois les gouttes argentées de pluie revenue; et comment elles
précipitent de la grêle qui fond comme une nuée de guêpes
métalliques attaquant les irréguliers pavés.
Camille
*
Je
regarde sans voir
J’entends
sans humer
Je
sens sans déguster
Je
goûte sans écouter
Je
touche sans effleurer
J’effleure
sans goûter
Je
déguste sans entendre
Je
hume sans toucher
J’écoute
sans regarder
Je
vois sans sentir
En
ville je ne pas peux faire deux choses à la fois
Danièle
*
Je
sens les odeurs mêlées du marché.
Je
vois le regard presque haineux de l'automobiliste que nous gênons un
peu dans son virage.
Je
touche le luisant attirant des autocollants sur les poteaux.
J'entends
les cris de d'un enfant dans sa poussette : "caca poulet"
Je goute le jambon de Parme de la pizza.
Je goute le jambon de Parme de la pizza.
Henry
*
Je sens malgré
moi l’haleine de pisse matinale qui me laisse penser que la nuit a
été bien arrosée.
Je croque
l’extrémité croustillante de mon croissant et la laisse se
disloquer doucement contre mon palais.
J’entends un
brouillard vocal, une sorte de purée de langues diverses et
variées : hindi, français, arabe, néerlandais.
J’observe deux
lapins en chocolat qui se bécotent sur une affiche et je me dis que
si Benoît XVI avait vu ça, il aurait sûrement demandé son retrait
immédiat.
J’effleure le
béton granulé et laisse ma paume se faire chatouiller par les
petits brins d’herbe indignés qui ont poussé dans les interstices
libérés par le temps qui a passé.
Mélanie
Poème des 5 sensJe regarde la pierre levée dédiée au Pèlerin anonyme et plus loin les tours monolithiques dressées dans le ciel bruxellois
J'entends faire trop, knaille, odsus, made in China
Je sens le mur moins lisse révélé par le tag
Je goûte l'écriture nez au vent sans menottes ni coups de poings
Je touche des signes colorés au son du ghetto-blaster
J'effleure les pavés déracinés, et pourquoi pas si
Je déguste les tags, graphes, l'eau à la bouche, si
Je hume l'acide fluorhydrique rongeant la plaque de verre, si
J'écoute le grapheur sécher ses larmes, et si
Je ne vois pas les murs crier ni n'entends pleurer les aveugles
J'entends faire trop, knaille, odsus, made in China
Je sens le mur moins lisse révélé par le tag
Je goûte l'écriture nez au vent sans menottes ni coups de poings
Je touche des signes colorés au son du ghetto-blaster
J'effleure les pavés déracinés, et pourquoi pas si
Je déguste les tags, graphes, l'eau à la bouche, si
Je hume l'acide fluorhydrique rongeant la plaque de verre, si
J'écoute le grapheur sécher ses larmes, et si
Je ne vois pas les murs crier ni n'entends pleurer les aveugles
Myriam
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